Muique maestro

   Chers lecteurs, ayant dû me battre contre un Troll des montagnes pour récupérer mon grimoire ces derniers jours, c'est seulement aujourd'hui que je reprend mon récit. Les hommes sont donc simples mais compliqués à leur manière. Disons que certains le sont plus que d'autres et que ces autres ont peut être raison d'être ainsi. Il suffit de s'employer à les comprendre et tout s'éclaircit.

    Félix le chat, qui réclamait toujours sa deuxième ration, consentit à la suivre comprenant enfin qu’on ne lui donnerait rien avant midi. Tant pis, il irait manger chez les voisins avec la belle Séréna, la petite angora blanche qui charmait tous les chats du quartier. Pour assurer sa couverture d’agent double, il se frotta aux jambes de sa maîtresse et lui demanda un câlin en s’affalant de tout son poids sur le carrelage entre la cuisine et le salon. Alicia le contempla un moment avant de le caresser amoureusement. Le chat se mit à ronronner comme un moteur et se tourna dans tous les sens pour montrer qu’il appréciait les gestes doux et répétés de sa maîtresse.

- Mais oui, mais oui. C’est un bon chat ça. Allez, maman va chercher ses affaires pour son rendez-vous.

Le chat protesta en se retournant sur le dos et en ronronnant. Alicia l’ignora et prit sa trousse de soins sur la table du salon. Elle en vérifia le contenu : un masque régénérant aux algues, un nécessaire de toilette pour les mains et une crème épilatoire. Complet. Mme Lasmont était assez exigeante comme cliente mais elle ajoutait toujours un supplément pour la bonté de la visagiste. C’était toujours ça de gagné! Le jeu en valait la chandelle, si l’on peut dire ainsi.

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    Le trajet lui sembla plus court que d’habitude. Il n’avait mis que sept minutes pour rejoindre l’autoroute. Durant cette moitié du trajet, il avait repensé à la manière dont il avait quitté sa femme. Cela n’avait pas eu l’air de lui plaire et ce n’était pas la première fois que ce genre d’évènement se produisait. En effet, pour couper court à une situation, Jack avait tendance à inventer une excuse n’ayant en rien sa place dans la conversation. Quand on lui demandait pourquoi, il dénonçait les associations d’idées douteuses d’un cerveau mal réveillé ou fatigué de sa journée. Les hommes ont toujours des manies étranges qui leur sont propres et c’était celle de Jack Peterson.

    Désirant se concentrer sur autre chose que son départ, il alluma l’autoradio et monta le volume de sorte que l’habitacle soit rempli de la douce mélodie… du Heavy Métal. Surpris par le son assez particulier, il sursauta et s’interrogea sur le traitement infligé aux instruments de musique par le groupe. Par peur de la perte de ses capacités auditives, il décida de changer de canal. Non, non, non,…Finalement, après avoir testé toutes les fréquences de l’appareil et toutes les variétés de musique disponibles, il opta pour un arrêt complet du manège.